Désert
Dans le désert urbain,
Chantent des milliers de grains de sable,
Sous le soleil au mordant du marteau de Vulcain,
Passent les caravanes aux allures instables,
Écoutons, sous l’impulsion d’Éole, la dune en
mouvement,
Son bourdonnement aigüe du moment.
Le désert urbain ronronne nuit et jour,
Battement de son cœur aux mille tours,
Migration permanente du monde inconnu,
Fleuve de matière en continu.
Le fleuve s’écoule lentement vers la mer,
Migration de l’eau douce en territoire amer.
Le monde pétrolifère s’use sur des routes organiques,
Évasion presque féerique.
L’imaginaire part en vagabondage,
Sur de lointains paysages,
Les routes caillouteuses,
Ouvrent la porte rêveuse.
Arrivent les carrosses, chariots,
Chargement de camelots, marches des petiots !
Partir au loin, dans le temps,
Au travers des saisons par n’importe quel temps.
L’hiver s’envole comme le jeune cygne,
Quittant son lit en est le signe.
Inlassable caravane dans le désert,
Route du sel, de la soie, chemin divers.
Inlassable caravane dans le désert urbain,
Où l’Homme plonge pour un bain,
Loin du ronronnement de l’asphalte,
Voyage d’un monde qu’un rien flatte.
Pensée vers des temps lointains,
Au devenir incertain.
Qui sait, comment cela s’est produit,
Peut-être qu’un matin, un enfant s’ennuie.
Las d’être à quatre pattes, ou grimper sur un arbre,
Devant le regard hébété des adultes,
Il se dressa debout, quelques pas et une chute,
L’enfant recommença sa marche, à se débattre.
Les adultes tentèrent de l’imiter,
Son audace les avait invité.
La tribu eut la bougeotte,
Elle se divisa, vers le nord, le Sud, l’Est, sans
roulotte.
Aux jours d’hiver
D’un printemps d’automne,
Que nul ne s’en étonne,
Ciel des faits-divers.
Ainsi, la caravane, au fil du temps,
Se mouvant aux travers des ans,
De nomade à l’urbanité,
Inlassable caravane de l’humanité.
De l’abri des hautes fougères,
À la grotte la protège.
Hutte en bois à celle de terre,
Hameaux s’installèrent,
Village en érection,
Tumulus en dévotion,
Cité érigée et s’y exprimer,
Richesses préservées, convoitées,
Corps, âmes, réprimés,
Visages à double-face excités.
Qui, dans la mémoire, loue Isistrata,
Son message, aujourd’hui, se raconte,
Pire sourd, que ceux qui ne l’entendent pas,
Dans cette caravane à grands pas !
Insouciance dans ce désert urbain,
De nouveaux veaux d’Or en sont le bain,
Avec l’impertinence de la jeunesse,
Voir venir un monde de paix, son ivresse !
Voir s’ouvrir les volets d’un monde de tolérance,
Jetant à bas les temples de l’indifférence,
Bien sûr, viendra ce jour de l’oubli que l’on enterre,
Transhumance vers d’autres terres.
Juste retour des choses à la terre nourricière,
La vie est bonne sorcière dans sa souricière.
La transhumance permanente est de retour,
Avec ses heurts au détour,
Inévitable mouvement de l’humanité,
Dans ses déserts d’urbanité.
Certains, volontairement ignorants, refusent de voir
son frère,
Venu comme lui de la même mère !
Rejet de l’autre par son confort matérialiste,
Posture de protection égoïste,
Demain, dans le temps universel,
Celui qui point ne se mesure,
Celui qu’au fil de son déroulement, on endure,
Demain, dans ce temps universel,
Nul ne sera épargné par son environnement,
Planète dans ses mouvements,
Chassera, ici où là, les Hommes sur les chemins,
Dans des caravanes sur un monde incertain,
Ceux qui refusent une vie décente,
Demain prieront pour, vers l’enfer, point ne
descendent.
Fourmilière de l’animal mammifère, plantigrade,
omnivore,
Sur des chemins obscurs qui la dévorent.
Viendra, où chacun se prendre la main,
Dans les caravanes des déserts urbains.
B.Cauvin© avril 2016