samedi 31 octobre 2015

La fleur aux dents!




Au loin, tintent les cloches, 
Les mains dans les poches, 
Le temps donne son langage, 
Pareil aux pas sur le chemin de hallage, 
Au printemps, cueillir les pâquerettes, 
Rouler le tabac, allumer la cigarette, 
Du gris que l’on roule, 
Copain du vin qui saoul !

Au loin, tintent les cloches, 
Les mains dans les poches, 
À l’été, gaillard, la fleur aux dents, 
À cloche-pied, l’amour attendant, 
Bel amour rouler dans la prairie, 
Dans mon cœur fleuri, 
Alors que glisse les chalands sur le canal, 
Jeunesse, la fleur aux dents, passe le chenal.

Au loin, tintent les cloches, 
Les mains dans les poches, 
La fleur d’automne aux dents, 
Sur le chemin de la vie, marchandant,
Siffler les comptines d’enfants, 
À l’orée des bois contempler les faons, 
Passe le temps, 
De la fleur aux dents.

Au loin, tintent les cloches, 
Les mains dans les poches, 
Près d’un feu réchauffant
Attendant le couchant, 
Sur le chef, place à la neige, 
À rire des perce-neiges, 
Jeunesse qui lève, la fleur aux dents, 
Danse au bal des ardents.

Bernard Cauvin©17/10/2015






vendredi 30 octobre 2015

Mélancolie!




La douce mélancolie d’enfance pour les dimanches,
Aux couleurs des quatre saisons usées en bord de Marne,
Celle d’une fin d’octobre, froide et brumeuse me tenant les hanches,
Trimbale sa musique dans mon âme s’incarne.
Ton chaland passe sur les canaux de mon âme,
Ciel gris des rues de Paname, Le long de la Seine joue l’accordéon,
Les mains dans les poches, siffler ta chanson.
Mélancolie ! Tu traînes tes syllabes aux souvenirs lointains,
Douces notes m’enveloppent de bon matin,
Mélancolie ! La Saône  charrie,
Ma jeunesse au cœur de Paris.


Bernard-cauvin©08-11/10/2015


jeudi 29 octobre 2015

L'âme vagabonde!





  L’été avait déposé toute sa chaleur sur les pierres des statues perdues aux faîtes des bâtiments. Statues et gargouilles se regardent plus ou moins tendrement.
  La douceur de septembre se lisait dans leurs regards. Les feuilles de l’automne, emportées par le vent d’octobre, caressaient les visages de pierre, les corps immobiles frémissaient dans l’assaut d’Éole.
  Cela n’était pas encore la bise glaciale, piquante, mais plutôt le vent d’Albion avec ses perles fertilisantes sur terre, bonheur du laboureur.
  Les gargouilles aux bouches de dragon, aux têtes d’aigles, à l’aspect de démons, elles déversaient leur trop-plein d’humeur chagrine sur les passants.
  Les statues chimériques n’étaient pas de reste, tremblantes comme les branches des arbres, laissant passer leurs chants plaintifs et sifflants autour d’elles.
   Plaintes que peuvent percevoir, ceux qui en sont à l’écoute. Ils lèvent leurs pensées vers elles, regards tout aussi admiratifs que craintifs.
  Ils savent, comme les enfants, que, bientôt, il va se dérouler l’inévitable tremblement de la matière. De cette matière, malaxée, durcie, surgie du tréfonds des entrailles de la terre, sculptée, assemblée, déposée pour orner les constructions que les hommes ont élevées.
 Ils guettent l’instant précis qu’il ne faut pas rater. Temps intemporel qui ne dure que le moment d’un regard. Les gargouilles ont fini de pleurer, les statues fantomatiques de trembler.
  C’est le moment du cœur de la nuit, de cette nuit, pas une autre, celle-là où, rejoignant la main de l’homme, la matière pétrifiée prend forme de vie.
  Elle se libère. Les démons, les aigles, les dragons s’agitent. Les statues, chimériques, angéliques, en leurs vaisseaux prennent vie.
 Les unes s’envolent au-dessus des rues abandonnées de toutes âmes vivantes, les autres  déambulent  sur les toits, glissent le long des murs et défilent sur le macadam.
  Doubles expositions du temps qui passe. Petites secondes aux heures longues pour ce bal de nos ornements. Longues heures en quelques secondes par le vivant des protagonistes.
  Cette nuit affairée où le vivant s’immobilise et la matière devient vie, s’agite, dégourdissement des membres trop longtemps liés.
   Période de l’entre-deux, résonnance du carillon sonnant le cœur de la nuit. Bascule d’un jour à l’autre, d’un mois à l’autre, d’une année à l’autre, qu’importe ce moment. Cette période est une expérience que seul l’âme éveillée en perçoit la beauté théâtrale.
Bernard Cauvin©29/10/2015

Merci à l'auteur-e de ce gif.



mercredi 7 octobre 2015

Octobre rouge!





Octobre Rouge,
Annoncé avec la lune sanguine, une nuit d’éclipse,
À la vierge rampante sur les murs,
Èrables, top modèles de nos forêts,
Rouge des cirés, alèses pour la pluie,
Fleuve nourricier de la terre,
Rouge des sous-bois en amour.

Octobre rouge, farandole goûteuse,
Octobre, aux lutins, la comédie joyeuse,
Octobre, aux dernières récoltes muries de l’été,
Octobre transitoire, cesse la cigale de chanter,
Caresses de tes jours bleutés,
Aux amours feutrés.

Octobre Rouge, mélancolique sous les larmes du ciel,
Le corbeau se pose sur la buse d’une cheminée,
S’absenter un instant aux notes de Nat King Cole,
Tout oublier, le long du sillon cheminer,
Octobre Rouge, colère des rois du ciel !
Octobre Rouge, mélancolie d’un chemin d’école,
Rêve de l’humus d’un sous-bois,
D’écouter au loin le chien qui fait sa loi,
Octobre Rouge, sève sanguine,
Inondant le monde qui décline,
Octobre Rouge,
À la peau-rouge !


Bernard-Cauvin©06/10/2015