lundi 23 septembre 2013

Benoît et le grand tour (86)


 Le chaos météorologique n’était pas le seul élément de la saison, l’Autriche ayant perdu son dernier mâle héritier, c’est l’Impératrice Marie-Thérèse qui ayant épousé François III de Lorraine, ce dernier reçut après des conciliabules, le titre d’Empereur en 1745 sous le patronyme de François I. Marie-Thérèse, soucieuse du bien être et à la recherche du progrès en matière agricole, fit venir environ deux cent mille colons d’Allemagne, eux mêmes en quêtent de terre plus riches et bonnes productrices. C’est dans un contexte encore trouble que nos voyageurs s’aventure dans le pays. En Prusse ils n’eurent pas à en souffrir, mais la guerre de sept ans fit perdre à l’Autriche la Silésie. C’est peut être la lente agonie de ce pays enclavé dans l’Europe centrale. La porte de la chambre mortuaire est entre- ouverte. Le parcours de Marie-Thérèse d’Autriche ne fut pas de tout repos, cette guerre de sept ans marqua le début de celle de succession de la maison d’Autriche (1740-1748). Le décès de Charles VI d’Autriche mit Marie-Thérèse sur le trône Impérial. Retournement de veste, Frédéric II de Prusse passa à l’attaque en alliance avec la Bavière, la Saxe, la France de Louis XV, le Piémont-Sardaigne et l’Espagne qui éliront son cousin par alliance (Charles Albert, électeur de Bavière) empereur (Charles VII) contre la volonté du défunt.   Elle eue à ses côtés l’Angleterre des Hanovre et les barons Hongrois. C’est dans ce conflit qu’elle perdit la Silésie (riche région minière) au profit de Frédéric de Prusse et une parcelle du Milanais à son beau frère Charles Emmanuel III de Sardaigne. En 1741 elle sera couronnée « Roi de Hongrie » et reine de Bohême. En 1756, il y eu un renversement d’alliance, reprenant sa guerre contre la Prusse, avec la France comme alliée elle cherchait à récupérer la Silésie, cela sera un échec. Elle se tournera alors vers des solutions plus diplomatiques. Voilà dans quel contexte nos jeunes évoluent dans le charme de ce pays et l’agonie de l’Empereur. Quand le jour du départ viendra, son fils devant lui succéder, le jugeant trop belliqueux, elle conservera le pouvoir et l’associera aux gouvernements des « États Héréditaires ». Pour l’instant présent dans leur évolution, l’empereur n’est pas encore parti, il faut attendre l’année suivante, ils ne seront pas dans les lieux.

dimanche 22 septembre 2013

Benoît et le grand tour (85)


  Une fois rassasié de sommeil, de la panse et l’affrètement établi, ils prirent la route dans un décor qu’ils ne sont pas prêt d’oublier. Telle une pâtisserie agrémentée d’une bonne couche de crème, ils admiraient les sommets de la montagne encore enneigée. Rus et ruisseaux courants comme un troupeau de faon gambadant dans la vallée, ils vont innocemment se jeter dans la gueule du Danube qui les dévorera comme un ogre avalant ses enfants.

 Les prés aux  herbes vertes montantes parsemées de petites touches de couleurs donnaient à ce tableau mobile une particularité à la sensibilité de leur ressenti. Les effluves aussi délivraient cette saveur verte sur fond de fraicheur descendant des hauteurs, à cela s’ajoutait un ciel bleu qui sans doute inspirera plus tard l’un des plus grands compositeurs Viennois emportant la cour impériale dans les valses lentes sorties de sa baguette magique. Le chant des cours d’eau se mélangeait à ceux des oiseaux retrouvant l’entre douceur printanière, ce n’est pas encore celle de mai ou juin, mais c’est elle qui chasse le blanc manteau dont peu de temps auparavant recouvrait ces territoires. Des parcelles vertes semblaient spongieuses, nul bêtes, encore moins les hommes ne s’aventuraient de ce marécage, il faudra attendre l’été pour les voir paître dans ce monde humide. Traversant un village, ils sont attiré par la procession des femmes poussant des brouettes remplient de linge. Au premier regard, cela semble être des draps de chanvre, elles vont vers le lavoir où trempés, battus, brossés, ils seront lavés, puis étendus dans un  pré ou sur des haies. Des hommes, à l’âge bien avancé, s’affairent à la rénovation des maisons, un  coup de peinture, de vernis et les chalets sont mis en valeurs et font la fierté de leurs propriétaires. Ce n’est pas que ces travaux étonnaient nos jeunes voyageurs, certains ils les connaissaient bien pour les avoir vu dans nos villages où ils se commettaient aussi, seul l’aspect décoratif les interpellait, peut être que dans nos montagnes nos gars le font aussi dit Benoît, il faudrait y séjourner une année pour le savoir. Les lieues défilaient sous les roues du carrosse, la route de-ci de-là avait subit les affres de la fonte hivernale par des coupes de ruissellement en cascade vers le fond de la vallée. Une étape, une autre, la suivante les gardera au chaud dans une ferme en connivence avec l’hôtelier, les nuées tombant du ciel empêchant toute progression du cheminement, cela dura deux jours, cette vie sous un ciel nuiteux plutôt que dans son rayonnement solaire qui précéda. Benoît fit quelques bijoux, Hubert rangea sa noblesse au fond de son pantalon et participa à l’entretien des bâtiments commun, il n’ira pas jusqu’à refaire le pailler ou sortir le fumier, mais transportera le lait entre l’étable et la ferme où la maîtresse de maison s’occupera du reste. Malvoisin lui était dans son élément en travaillant à l’écurie, il en profita pour échanger avec le palefrenier leur expérience des chevaux. Un vrai déluge durant ces deux jours et nuits, les routes étaient difficilement praticables. A l’aube du troisième jour l’accalmie permis de reprendre le voyage, la trace était plus lente, le pas lourd des chevaux, les roues encrassées par la boue sans compter les crevasses déjà mentionnées. Benoît avec l’aide du forgeron avait monté un auvent au dessus du poste de conduite, protégeant un peu mieux Malvoisin des averses.
 
Image du net.

samedi 21 septembre 2013

Benoît et le grand tour (84)


 C’est dans ce décor boisé, dans cette clairière à la croisée des chemins que la bâtisse en demi-lune est tapie dans un quart du cercle, dans ce qui sert de caravansérail il y a des chariots, des roulottes, Malvoisin à positionné le carrosse dans ce rassemblement. Les chevaux dans un enclos où ils pourront brouter de la verdure, pour la nuit il les rentrera dans l’écurie prévue à cet effet. Hubert qui est déjà dans les locaux de l’auberge négocie la chambre et le repas, ce qui ne semble pas poser trop de problème, il reste encore quelques chambres. Dans la leur il y a deux lits, tout ce petit monde aura de quoi passer une bonne nuit. Ils se passent un coup d’eau froide sur le visage et la table les accueillera. Une troupe de comédiens, d’où les chariots, s’affaire, certains se griment, les autres ioulent mettant une ambiance festive dans la salle commune. Nos trois compères n’en perdent pas une bouchée, c’est une découverte que ces vocalisent Tyroliennes. Ils sont transportés dans des rêves de gamins, un retour dans l’enfance qui n’était pas si lointaine pour nos jeunes. Les chanteurs en culotte de cuir aux jambes coupées à mi-cuisses laissent partir leurs savoir musicale, les autochtones reprennent en cœur parfois, non seulement ils chantent mais en plus ils jouent de leurs mains sur les cuisses, pieds à une vitesse qui les impressionnent, il y a de l’agilité, un savoir faire, ils sont subjugué par ce spectacle folklorique. Hubert tiré par le bras est invité à jouer avec eux, les artistes ont bien vues que les voyageurs n’étaient pas du pays, il devra essayer de faire comme eux sous les rires de ses compagnons mais il ne s’en tire pas mal, le jeune marquis a vite compris les mouvements et sans être aussi rapide, précis n’en est pas moins à la hauteur de la prestation. Ils ont raison d’en profiter, le parcours demande environ trois semaines pour être fait. En attendant, les comédiens, ceux qui vont jouer la pantomime, se mettent en place et commence la séance de théâtre, ils sont accompagnés par les chanteurs. C’est une pièce où Polichinelle, Colombine et Pierrot ont leurs places, il y a aussi d’autres personnages. Quand la pièce est en sont milieu, le présentateur, l’animateur de la troupe passe entre les tables un chapeau retourné en main à la recherche de quelques pièces qui permettrons de leurs faire passer une bonne nuit et peut être aussi de déguster un repas. La recette est plutôt moyenne, en bon gestionnaire, l’animateur réparti ceux qui devaient dormir dans une chambre et les autres dans les chariots, en bon gestionnaire des fonds et des âmes, il opérait un roulement, ceux qui allaient dormir dans un bon lit avaient passé la nuit précédente dans les chariots, c’était au tour des autres de la passer sur la paille des chariots. Hubert et Benoît se regardèrent et dans la langue de Goethe, dont ils avaient quelques rudiments apprit durant le séjour à Potsdam, parlèrent avec le chef de troupe et lui offrit une bonne prime, remerciement pour cette belle soirée.



vendredi 20 septembre 2013

Benoît et le grand tour (83)


Parfois Hubert ou Benoît descend pour tourner la manivelle afin de  serrée les freins sur les roues arrières, la pente étant plus abrupte. On voit que l’hiver est passé, la fonte des neiges a creusé par endroit des sillons transversaux qui font cahoter le carrosse, l’eau coule encore en cascade vers la vallée où elle rejoindra une rivière, traversera un lac, disparaîtra dans un terrain marécageux. Elle trouvera un chemin qui l’emmènera dans un long voyage finissant par son mariage de douceur avec le salin de sa grande sœur océane.
 
La rocaille laissant la place aux épicéas et à la flore s’épanouissant sous les bienfaits des rayons solaires. Les insectes s’en donnaient à cœur joie en butinant les fleurs, passeurs de vie. Chacun à sa place dans la chaine de l’humanité, de la vie, le monde de l’infiniment petit n’est pas inférieur à l’homme qui se croit le maître du monde. Il suffit de poser le pas et de contempler ce qui nous entoure pour comprendre que nous ne sommes rien à comparer au monde animal, l’illusion de nôtre codage usuel nous fait croire à une intelligence supérieur par rapport à eux. Ce n’est pas ce qui préoccupe nos amis. Au trois quart de la descente, après avoir croisé quelques cavaliers qui montaient vers le col ou des paysans avec des charrettes remplies de pierres ou tronc d’arbres, parfois de l’herbes fraichement coupé en bordure de la voie, des branchages que le poids de la neige a porté au sol. La voie traverse un plateau, arrive sur une clairière, elle est coupée dans cette clairière par des sentiers s’enfonçant dans la forêt où partant à l’assaut de la montagne. Bien situé entre des intersections, une bâtisse est dressée, de sa cheminée sort les effluves du bois qui se consume dans l’âtre, elle fait office d’auberge, d’hostellerie pour les aventuriers de tous poils. La nuit ne tardant pas à venir c’est là que Malvoisin marquera l’arrêt du carrosse, et si il y a encore de quoi passer la nuit ils en profiteront. Malvoisin comme à son habitude prend soin des chevaux, les malles sont montées dans la chambre. Il les bichonnera encore plus, car après une longue absence d’activité, hormis celle dans les prés, ce passage de montagne méritait bien cette marque d’attention particulière, en plus ils ne sont pas familiers avec la haute montagne, bien sur il ont bien l’habitude de passer dans quelques monts dans le Nivernais, mais ce n’est pas comparable, et la frayeur qu’ils ont eu peu s’expliquer. Finalement les chevaux s’en tirèrent bien. Hommes et chevaux tutoieront la montagne jusqu’à Vienne.