On dansait sur l’aiguille du temps,
Pas sur un tempo de valse ou autres danses,
Non, sur celle du temps passant,
Tic…Tac…Tic…Tac…
C’est aussi un tempo, me direz-vous,
Évidemment, mais ce n’est pas le même,
C’est celui qui nous mène par la main,
Chaque matin, tout au long du chemin,
Ce jour-là, il neigeait.
Il tombait, des nuées, de gros flocons bien
gras,
Ils s’accrochent aux branches,
Elles résistèrent, lentement elles plient sous
son poids,
Elles s’accrochent au fil de l’énergie et de la
vie virtuelle,
Ces fils ont l’habitude d’y recevoir du poids,
Celui des oiseaux, mais la neige, ce n’est
pas identique.
Elle pèse au final, les fils commençaient à
gémir sous la masse envahissante,
Il neige en abondance, les fiacres ou
automobiles ont disparu,
Ce ne sont que des monticules le long des rues.
De rares passants s’aventurent,
Le crissement des pas est étouffé par la
lourdeur du ciel.
Une impression de silence règne dans la ville,
Dans les campagnes, c’est encore pire,
Seule la plainte du vent dans les arbres trouble
la pesanteur du moment.
On dansait sur l’aiguille du temps.
On dansait parmi les lourds flocons de neige,
On dansait, mais nul ne se voyait,
On dansait sur l’aiguille du temps.
Passant de seconde en seconde,
Passant de minute à l’heure,
Passant, les jours, les nuits,
Comme cette neige qui danse, elle aussi,
S’amoncelant de plus en plus,
Sablier céleste qui s’écoule,
On dansait sur l’aiguille du temps.
Bip…Bip… Bip… Bip…
Putain de réveil, quand est-ce qu’il va
s’arrêter ?
Il fait encore nuit, le jour va bientôt
paraître,
Des rays s’étirent sur le plafond,
Petits,
longs, ils s’étalent sur le toit de la chambre,
Le réveil a fini par se taire,
Les rays s’effacent,
Laissant la place à des couleurs lumineuses et
qui clignotent,
C’est la guirlande de Noël avant l’heure sur le
plafond.
Oh ! mais ce n’était pas un réveil !
En plus, les voisins ne sont plus là
Je ne risquais pas de l’entendre.
Une camionnette récupère les monstres,
Il pleut et les hommes ramassent les meubles,
Déposés dans la précédente nuit,
Beaucoup de questions !
L’imaginaire va bon train pour cet amoncellement
de mobilier,
Rupture d’un couple, d’un bail,
Déménagement à la cloche de bois,
Peu importe,
C’est une vision de tristesse, d’abandon !
Larguer ses meubles comme on jette l’éponge,
Fin du round,
On n’ira pas jusqu’au bout de l’histoire.
On dansait sur l’aiguille du temps.
Le rideau sur la scène n’est pas levé,
Le brigadier avait frappé l’annonce, tonné les
trois coups,
Mais l’artiste ne se montrait pas,
Le trac, peut-être, comment lui en vouloir,
Pourtant elle a l’habitude de s’exposer,
D’être vu à nu a là une du soir,
Peut-être, dans sa loge ne s’était-elle pas
assez fardée !
Où bien, est-ce les machinistes qui font grève,
Rien, pas le moindre bout de miroir de
Colombine,
Pierrot, lunaire terrien, en était empli de
chagrin,
Il se disait « un miracle, un petit
miracle pour te voir »,
Le rideau se déchira, alors qu’il ne s’y
attendait plus,
Il put l’admirer, un peu,
Et le
rideau se referma.
Pierrot, le
baume au cœur, alla rêver sur le sofa de gazons,
Au matin,
quelques oiseaux lui susurraient des mots à l’oreille,
Il ouvrit
grand ses yeux ébahis,
Le ciel
bleu dans sa pâleur matinale,
Donnait à
Colombine son plus beau visage,
D’abord, il
crut à un mirage,
Elle était
là, souriante,
Il tendit
la main,
La bouche
béante,
Elle suivit
son chemin,
Il se
retourna,
L’astre de
feux le réchauffa.
B.Cauvin©15/11/2016
Le 15 novembre au matin (7h45) lyon