Merci à l'auteur-e de l'image.
Le loup cessa de hurler, la lune se
cachait dans l’épaisseur des nuages qui s’amoncelait dans l’éther de la nuit.
Les villageois, que les hurlements
empêchaient de trouver le sommeil, se disaient « enfin, le repos, mais
qu’est-ce qu’il a hurlé comme cela »
Un peu avant entre chien et loup,
Thomas l’agriculteur se leva, il alluma, en effleurant le mur de sa main,
l’écran géant. Le président de l’Europe Unie parlait. Thomas resta un instant
muet, ce n’est pas dans la norme que le président parle de bon matin. En
principe, il parle le soir ou parfois en journée devant des journalistes, mais
là, en directe, hum ! que ce passe-t-il ?
Les propos
devenaient clairs dans la tête de l’agriculteur, ils n’étaient pas rassurants,
des bruits de bottes, l’ombre d’un conflit majeur était imminente.
Azur, le chien berger se lève, s’étire,
se frotte à son patron. La main de thomas se veut rassurante en caressant son
dos, son échine, sa tête.
Mais Azur se trouve inquiet, quelque
chose l’agite. Ce ne sont pas les propos du président, amis bien autre chose
qui l’agite, il est nerveux.
Thomas, un verre de café dans une main,
ouvre la porte de l’autre, azur sort avec lui et garde son air agité, thomas
scrute l’horizon depuis son promontoire, la clarté du jour brille sur l’océan.
Le spectacle de l’océan lui glace le
dos, thomas semble pétrifié.
Plus loin, dans l’agglomération, la
ville métropole, des sirènes inhabituelles rugissent dans les artères. Les haut-parleurs
crachent l’invitation aux habitants de quitter la ville au plus vite et sans
panique. Dans les appartements, les lumières brillent, les gens s’affairent,
prennent le strict minimum, les papiers les plus importants, coupent les arrivées
de gaz, les compteurs électriques et sortent dans les rues, prennent la direction
qui leur est indiquée.
Gagner des
hauteurs au plus vite.
Thomas se précipite dans la ferme,
réveil sa femme et les enfants. Il faut s’habiller au plus vite. Il faut
confectionner un balluchon avec des draps et couvertures, quelques effets, ne
pas s’encombrer de choses inutiles et fuir.
Thomas, pendant ce temps, libère les
ovins, les bovins, les porcs, il ouvre le poulailler, les palmipèdes, et autres
volailles n’en demandent pas tant, tous les animaux sont nerveux, et s’affolent
dans leur liberté. Thomas, garde deux chevaux, sur lesquels il installera ses
enfants et les balluchons, une vache et une truie décident de suivre la
famille.
Ce convoi hétéroclite quitte la ferme en
direction de la montagne. En traversant le village, Thomas et sa femme alertent
les habitants du village du danger qui arrive sur eux.
Sitôt dit, les gens évacuent le
village en suivant peu après les traces de la famille de Thomas. Dans la
plaine, des troupeaux d’animaux vont en tous sens et finissent par suivre une
route qui les éloigne du danger.
C’est à cet instant, thomas comprit le
sens des hurlements du loup dans la nuit, il appelait sa meute pour échapper au
désastre.
Ils ont bon tendre l’oreille, plus de
chants des oiseaux, ils sont loin.
L’océan, la vague, dix fois, vingt fois
plus haute que d’accoutumée avance inexorablement vers cette terre. L’abri de
la montagne est encore à une heure
de marche, il ne faut pas perdre de temps. La vague avance suivit d’autres
encore plus hautes.
Ce petit groupe arrive au pied de la
montagne, commence son ascension par des sentes de muletiers. En se retournant,
il voit la fuite du village, au loin, dans la plaine, d’autres fuyards en
véhicule allant vers la ville. Les
animaux ont choisi le chemin des hauteurs, pas le même que celui des hommes,
mais ils ont l’instinct de survit.
Déjà un bon dénivelé de fait, la pause,
il faut y penser, Thomas, ayant emporté ses jumelles, scrute l’horizon, l’océan
arrive sûr des îles qu’il connaît bien. Comme une bouche d’ogre, l’océan les avale,
les englouties, ses pensées se tournent vers les âmes qui en habitaient
certaines, il les connaissait bien.
Les enfants, plus ou moins endormis, ne
comprenaient ce qui se passait derrière eux.
Pourquoi ne nous a-t-on pas prévenus,
pensait Thomas.
– Tout est
fini, dit Thomas à sa femme, nous ne verrons plus le pays, nous ne le verrons
plus. Les yeux humides, serrant les dents, nous ne verrons plus la maison des
anciens, nos terres, qu’allons-nous devenir et surtout les enfants.
Sa femme ne répondait pas, elle pleurait
en silence.
– Il faut
nous ressaisir, dit Thomas, pourtant dans le désarroi.
– La terre
se venge de nos anciens du début du siècle, manquant à leur devoir
d’hospitalité. Dit sa femme en reniflant sa peine.
– Peut-être
as-tu raison, pourtant tout le monde ne rejetait pas les migrants, tu en es la
preuve.
Le silence reprit et la marche aussi. Il
fallait aller encore plus haut.
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