dimanche 22 septembre 2013

Benoît et le grand tour (85)


  Une fois rassasié de sommeil, de la panse et l’affrètement établi, ils prirent la route dans un décor qu’ils ne sont pas prêt d’oublier. Telle une pâtisserie agrémentée d’une bonne couche de crème, ils admiraient les sommets de la montagne encore enneigée. Rus et ruisseaux courants comme un troupeau de faon gambadant dans la vallée, ils vont innocemment se jeter dans la gueule du Danube qui les dévorera comme un ogre avalant ses enfants.

 Les prés aux  herbes vertes montantes parsemées de petites touches de couleurs donnaient à ce tableau mobile une particularité à la sensibilité de leur ressenti. Les effluves aussi délivraient cette saveur verte sur fond de fraicheur descendant des hauteurs, à cela s’ajoutait un ciel bleu qui sans doute inspirera plus tard l’un des plus grands compositeurs Viennois emportant la cour impériale dans les valses lentes sorties de sa baguette magique. Le chant des cours d’eau se mélangeait à ceux des oiseaux retrouvant l’entre douceur printanière, ce n’est pas encore celle de mai ou juin, mais c’est elle qui chasse le blanc manteau dont peu de temps auparavant recouvrait ces territoires. Des parcelles vertes semblaient spongieuses, nul bêtes, encore moins les hommes ne s’aventuraient de ce marécage, il faudra attendre l’été pour les voir paître dans ce monde humide. Traversant un village, ils sont attiré par la procession des femmes poussant des brouettes remplient de linge. Au premier regard, cela semble être des draps de chanvre, elles vont vers le lavoir où trempés, battus, brossés, ils seront lavés, puis étendus dans un  pré ou sur des haies. Des hommes, à l’âge bien avancé, s’affairent à la rénovation des maisons, un  coup de peinture, de vernis et les chalets sont mis en valeurs et font la fierté de leurs propriétaires. Ce n’est pas que ces travaux étonnaient nos jeunes voyageurs, certains ils les connaissaient bien pour les avoir vu dans nos villages où ils se commettaient aussi, seul l’aspect décoratif les interpellait, peut être que dans nos montagnes nos gars le font aussi dit Benoît, il faudrait y séjourner une année pour le savoir. Les lieues défilaient sous les roues du carrosse, la route de-ci de-là avait subit les affres de la fonte hivernale par des coupes de ruissellement en cascade vers le fond de la vallée. Une étape, une autre, la suivante les gardera au chaud dans une ferme en connivence avec l’hôtelier, les nuées tombant du ciel empêchant toute progression du cheminement, cela dura deux jours, cette vie sous un ciel nuiteux plutôt que dans son rayonnement solaire qui précéda. Benoît fit quelques bijoux, Hubert rangea sa noblesse au fond de son pantalon et participa à l’entretien des bâtiments commun, il n’ira pas jusqu’à refaire le pailler ou sortir le fumier, mais transportera le lait entre l’étable et la ferme où la maîtresse de maison s’occupera du reste. Malvoisin lui était dans son élément en travaillant à l’écurie, il en profita pour échanger avec le palefrenier leur expérience des chevaux. Un vrai déluge durant ces deux jours et nuits, les routes étaient difficilement praticables. A l’aube du troisième jour l’accalmie permis de reprendre le voyage, la trace était plus lente, le pas lourd des chevaux, les roues encrassées par la boue sans compter les crevasses déjà mentionnées. Benoît avec l’aide du forgeron avait monté un auvent au dessus du poste de conduite, protégeant un peu mieux Malvoisin des averses.
 
Image du net.

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