Voyages !
Au début du mois de janvier, retour de
Normandie, le paysage bourguignon dans sa parure d’argent éblouissait le regard
des voyageurs. Les cristaux du givre créent un monde féerique, fantastique, un
monde où l’on ne serait pas surpris d’apercevoir les elfes venir orner la
nature de ce manteau cristallin.
Le temps étire ses jours, ses nuits. En
ville aussi, entre Rhône et Saône, le givre pare les toits, arbres, les
véhicules de ce décor blanchi. La neige aussi se met de la partie, pas longtemps,
il faut être matinal pour participer à ce spectacle.
Le 16 janvier de cette année, le vent
du nord, la bise, est mordant. Il fouette, lacère les visages, s’engouffre sous
les robes, dans les pantalons, il faut faire le gros dos. Je l’ai perçu dans
son chant dans les bouches d’aération de l’appartement, je dis chant, je
devrais dire qu’il grognait, son ire résonnait très fortement.
La nuit s’annonçait glaciale.
Mardi, il fait encore nuit, la ville
dort. 6 heures, marcher dans le froid, braver le vent, je prends le tram’,
direction la gare de Perrache. On ne peut pas dire que c’est la bousculade dans
le transport, deux, trois pèlerins en route vers le boulot.
6 h 45 mn, le TGV s’ébranle pour la
capitale. Il déroule son allure dans le long tunnel de la nuit.
Les candélabres, des villages, d’un
jaune orangé sont comme des étoiles au ras du sol.
Au loin, les lueurs du lever du jour
étalent des couleurs d’un dégradant montant, violine, orange, blanche, elles
s’unissent à celle de la nuit dans un dégradé descendant, bleu nuit, bleu et
bleu ciel.
L’hiver a déposé sa signature, des tapis
blancs jonchent le sol, recouvrent les jeunes pousses des céréales. Les
squelettes des arbres ressemblent à des chandeliers en argent aux multiples
branches.
Le paysage était resté féerique, pas la
même qu’au début du mois. Le pays des elfes s’ouvrait de nouveau au regard, il
appelait au rêve, le souvenir d’enfance dans un village blanc au cœur de
l’hiver.
La capitale nous accueille, sa banlieue aussi. L’agitation d’une ville en plein travail. La traversé du bois de
Vincennes me ramène bien des années en arrière, celle de l’enfance partant au
pensionnat dans un bois sous la neige de l’hiver 1956, la Marne, la Seine
charriant des icebergs si elles n’étaient pas bloquées par les glaces. Les
années, plus tard, la fête du trône déplacé du cours de Vincennes à Paris, pour
la pelouse de Reuilly, les promenades en barque sur le lac, mais aussi les
dimanches avec la chienne et le chat, tenu en laisse. Plus tard avec les
enfants, et aujourd’hui pour accompagner ma marraine dans sa dernière demeure,
son long voyage vers l’ailleurs.
Le retour, le chemin à l’envers, enfin
presque, retrouver les mêmes paysages, ou presque, c’est le couchant et sur les
contreforts du Morvan l’éclat orangé du soleil dépose ses feuilles d’or sur
dame nature, les arbres reluisants de ce voile doré.
L’imagination ne joue pas des tours, une
jeune femme est aussi prise par l’émerveillement du paysage, elle l’immortalise
sur son smartphone.
Sans être étonné, simplement jouisseur d’instants
dérobés de la beauté que nous présente le monde dans lequel nous passons.
B.Cauvin©17-23/01/2017