L’esprit d’Hadès s’en vient souffler sur la forêt des hommes,
Porté par son compère Éole porteur des vents puissants,
Les feuilles sur les branches frissonnent,
Aux quatre saisons coupe le sang.
Au printemps, le jeune bourgeon éclos,
S’arrache de sa source nourricière, porté par les flots,
D’un vent capricieux,
Au bien-être peu soucieux.
L’arbre, plusieurs fois centenaire, gémit de ses blessures,
Les larmes de sève coulent sur les feuilles agonisantes,
Dans son âme tout n’est que fêlure,
Dans ses veines passent les gouttes de sang luisantes.
Hadès, par la bouche béante et hurlante d’Éole, chante sa joie, son royaume va s’enrichir d’être nouveaux. Il souffle dans les masures, il chante entre les lames d’acier des sculptures fièrement dressées, dans les arbres de vie auxquels sort bien des cris.
La jeune pousse, trop isolée, a été déracinée et s’est envolée dans ce nuage elliptique dévastateur.
Serrons-nous les uns contre les autres, protégeons-nous, faire face à cet ennemi, certains tomberont fièrement.
L’arbre, bien dressé sur ses racines, sent le sol vibrer sous lui. “Pourtant, je ne fais pas partie de la race des arbres qui marche” se dit-il.
Le combat est âpre, dur, les branches se cognent, s’entrechoquent, le sol tremble, les feuilles s’envolent, le vieil arbre lutte comme les autres, résiste aux assauts, des branches de sa cime se plient, des rameaux cèdent et vont choir sur le tapis de mousse, de feuilles ou du lierre rampant, les fougères s’écartent et les laissent ainsi faisant une haie d’honneur aux fiers combattants à leurs passages.
Un grand fracas résonne dans la forêt, un arbre, dans la force de l’âge, s’écroule, Éole, de ses bras, l’a entortillé et il vacille, brisant des frères à son passage et il s’étend sur le sol.
Le vieil arbre pleure ses membres perdus. Il sait, que de jeunes poussent feront leur apparition, mais dans ses veines, il sent bien la liquéfaction de ses artères.
Le calme revenu, il entend déjà le cri de la cognée venant faire son œuvre. Il le sait, le devine, il ne se plaint pas de son avenir, il faut laisser la place, il en est ainsi. Il ne peut se révolter, à moins qu’il ne demande à Éole de l’emporter avec lui loin de son terroir.
Les hommes se lamentent de ce désastre, il les entend, ils sont comme lui en colère contre les éléments.
Il les voit ramasser ses branches, celles des frères de la forêt aussi. Il entend les passe-partout scier les troncs couches sur le tapis de feuilles.
Il frémit, tremble, sursaute, le premier coup de cognée vient de le frapper à sa base. Son sang suinte de l’écorce, de ses veines, l’entaille est bien faite, il sait qu’il n’est plus utile dans ce monde, il a beaucoup perdu en luttant contre les vents. Étêté il est vulnérable. Les gestes sont précis, bien saccadés, le vieil arbre vacille, un cri des bûcherons et il tombe de tout son poids sur le sol.
Les hommes reviennent vers lui, l’admirent, lui font honneur, il fera de belles planches pour des meubles ou un parquet sur lequel des enfants joueront comme dans des temps lointains d’autres venaient jouer dans ses bras.
B.Cauvin©15-20/01/2017
De passage sur se site, j'en profite pour vous souhaiter une bonne et merveilleuse année 2017
Bonne Année Bernard
RépondreSupprimerUn peu éloignée du net ces jours
Reçois mes vœux avec retard
mais avec sincérité
Bisous et douce soirée
Frieda
Bonjour,
SupprimerMerci Frieda, reçois les miens en échangent. Pas de soucis, j'en sais quelque chose.
Bonne semaine.
Bises
Tu dis bien la force de l'arbre et son destin, c'est si désolant un bel arbre que l'on scie pour en faire des planches, des barriques, des étagères, tout ce dont nous avons besoin...
RépondreSupprimerTrès bonne journée Bernard
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci de la visite.
Un aspect de la vie m'a inspirée ce texte.
Bonne journée.
Bise
Le destin et la maîtrise de sa vie dans un texte fort bien inspiré. Merci Bernard !
RépondreSupprimerBonjour,
Supprimermerci de la visite, j'espère que pour toi le destin te fait avancer dans ton art.
Bonne journée
@mitié