dimanche 26 mai 2013

Benoît et le grand tour (80)

 

 Cocasse situation quand Hubert soulevant sa robe chevauchant une charmante jeune fille laissant partir sa virginité dans la fureur de ce carnaval. Deux filles dans un face à face torride attisèrent bien des passions. Chaque jour, afin de ne pas être trop vite découvert, nos compères changeaient de signe de reconnaissances, de tenues.

 Venise était dans un carnaval semi permanent, ils purent s’en rendre compte dans la période automnale où l’un de ceux-ci entre octobre et décembre s’y déroulait. Mais c’est celui du cœur de l’hiver qui trouvait grâce à leurs yeux. Le célèbre Vol de l’Ange en ouverture était exécuté par une colombe géante en bois qui déversait fleurs et confettis sur la foule réunie en place Saint-Marc. Suite à la chute mortelle du voltigeur en 1759 qui s’écrasa au sol, la décision de le remplacer par cette nouvelle représentation a été prise.

 C’était aussi le moment où quelques vengeances avaient lieux et sous les habits exubérants des dagues se cachaient attendant l’heure de frapper… Des maris jaloux ne manquaient de surprendre la dame volage et de lui faire son affaire, ou, et à son amant par la même occasion. Le carnaval n’était pas aussi joyeux que l’apparence le laissait entendre. Il ne s’en fallut de peu que le marquis, confondu à l’épouse d’un riche marchand, n’y laissa la sienne, il dut son salut en exhibant ses attributs masculin qu’un sbire venu l’occire ne manqua pas d’en alléger les bourses. Florilège de la jeunesse, ils passèrent cette épreuve Vénitienne haut la main, enfin presque, deux bonnes journées à la farniente pour les remettre sur pied. Benoît semblait plus solide, plus résistant, il mit à profit ce répit pour confectionner d’autres bijoux et pommeaux de cannes, une commande faite par un armateur, ce qui eu pour effet d’arrondir généreusement d’espèces sonnantes et trébuchantes la caisse qui lui permettait, leurs permettaient d’avancer dans ce voyage sans soucis pour le financer, bien que là aussi tout étant prévu, c’était plus une grosse prime qui les sécurisait.

 Au fur et à mesure que les jours passaient, ils formaient de plus en  plus un couple. Ceux qui les connaissaient à peine, juste du regard, disaient qu’ils étaient comme des jumeaux, pourtant peux de ressemblance, c’était sans doute plus par la fusion qui régnait entre eux que l’aspect physique. Mais c’est plus Hubert qui affirmait sa féminité entre eux, le travestissement durant ce carnaval laissa en lui ses traces.


 




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