lundi 24 mars 2014

Benoît…. (6)






De ma courte vie, je n’avais jamais ressenti cette force d’inertie qui habitait en moi, elle ne se manifesta pas lorsque j’entendis son nom à l’université, mais  subversivement quand je le l’aperçut, et surtout ce vendredi soir quand nous étions assis l’un à coté de l’autre à feuilleter son livre de famille. En moi une chose étrange était venue s’immiscer. Je ne connaissais pas sa puissance redoutable. Le cœur en affolement, j’ai du prendre sur moi pour l’apaiser. Déjà le premier soir j’en ressentis l’effet, mais c’est surtout ce vendredi quand il a franchit la porte de mon appartement que mon trouble se produisit, je n’avais que les yeux de Chimène pour lui. N’ayons pas peur des mots, je suis tombé en amour pour son âme, j’avais le désir fou de partager sa vie, de la faire ensemble. Je crois qu’il le comprit en me donnant son plus beau sourire, je le garderais au fond de moi quoiqu’il arrive et ce jusqu’à la dernière seconde de ma vie. Se sourire qui me tourmente, tourmentera, j’en suis certain, quelque soit nôtre devenir, nos rapports d’amitiés. Je me sentais comme une midinette attendant la déclaration de cette flamme venant de son amour.

 Tout le week-end fût à évoquer ce cheminement des liens entre nos familles. Mère découvrait au fur et à mesure cette particularité. Comme durant ces deux siècles, de longues séparations comme celle entre 1945 et aujourd’hui à l’aube d’un nouveau millénaire. Bizarrement, il n’y eu pas de mariage entre nos familles, oh ! ce n’est pas que je le regrette, mais c’est une éventualité qui aurait pu ce produire. A l’évocation de ces parcours, mère était subjuguée par cette longue histoire et tout en émotion aussi avec le drame de Potsdam où Hubert tenta de mettre fin à ses jours par amour pour Benoît. 

En cette fin d’après midi du samedi, il faisait encore bon, le soleil luisait suffisamment haut pour tenir encore la chaleur de cette journée. Benoît et moi faisons quelques pas dans le parc de la propriété afin de dégourdir nos jambes, nous parlions encore de ce passé. Nous étions cote à cote et comme de rien je sentis son bras se poser sur mon épaule tout en douceur. J'étais à la fois déstabilisé et heureux de son geste, je ne montrais pas mon trouble. Juste le rictus d’un sourire plein de bonheur, un sourire qui dit oui, tu peux me prendre par l’épaule, la taille si tu le veux. Une cinquantaine de mètre, un peu plus peut être, à marcher vers le bel étang à la couleur d’acier sur lequel le soleil laissait trainer son reflet. Des pas vers lui, des pas vers l’amour sans doute. Sur l’étang canards, cygnes, oies et autres volatiles aquatiques vivaient de leur nonchalance. Nous arrivâmes devant une roseraie où ces animaux élèvent domicile, on peu voir un nid de cygnes, entendre les poules d’eau. Nous stoppons notre marche devant ce spectacle que nous offre la nature, Benoît me regarde fixement dans les yeux, il cherche une réponse, nos yeux plongent dans nos corps comme ils le firent il y a peu, nous sommes face à face. Une attraction comme celle d’un pôle d’aimant sur une feuille de métal, es-ce un effet d’optique, mais nos visages semblent se rapprocher. Un mouvement de bascule et nous glissons dans l’herbe, nous y roulons comme deux gamins, nous sommes heureux, joyeux, à ce petit jeu, nos lèvres s’effleurent, juste un courant d’air. Je sentais monter en moi la virilité qui était mienne, mais aussi le désir de partager nos corps. Nous étions à la limite de caresses amoureuses.
L’ombre du drame de Potsdam… 

 
A suivre

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