jeudi 7 février 2013

Benoît et le grand tour (3)

Précédent 1: http://covix-le-passager.blogspot.fr/2013/02/le-chemin-de-benoit.html
Précédent 2: http://covix-le-passager.blogspot.fr/2013/02/benoit-et-le-grand-tour-2.html


 
--------
   Benoît, tout aussi élégant dans ses frusques qui marquent son rang social de la bourgeoisie provinciale, fils d’artisan orfèvre et aîné d'une fratrie qui comptait trois filles derrière lui, sa mère avait le ventre bien rond laissant penser à un cinquième enfant, le père espérait un autre garçon pour la succession de son métier, on ne sait jamais ce qui peut arriver à l'aîné, bien qu'érudit, il se trouvait plus souvent hors des murs et il avait peur que la maréchaussée ne le ramasse et l'embarque pour peupler des contrées lointaines, les filles elles étaient destinées à faire un bon mariage, éduquées en ce sens, tenir une maison propre et servir son homme.

   Au milieu des calèches, Benoît s'entretenait avec les cochers, notamment celui de Pompiac qui était lié d'amitié avec le père de Benoit Chaudeur qui réalisait de belles tabatières, timbales, des bibelots, bougeoirs et des couverts en argent et quelques bijoux, son affaire était florissante. Le cocher et Benoit conversaient sur ce qui se passait outre Atlantique, la fin de la guerre qui permet à la France de retrouver la paix. le cocher aussi l'encourageait à finir son éducation, de maîtriser l'orfèvrerie en vue de prendre un jour la succession de son père, succession qu'il voulait voir son fils étoffer, partir pour Bordeaux, Tours, Nantes ou Paris monter une grande échoppe et son atelier, celle qui était ici serait au dernier né si c'est un garçon... et d'après les dire des femmes, la forme du ventre, la lunaison, et autres similitudes indiquaient qu'il en serait ainsi, maître Chaudeur n'accordant que peu d'importance à ces balivernes, n'en préparait pas pour autant cette éventualité, tout était écrit, définit, la voie était tracée.
Déjà les cochers, entendant les rumeurs de la rue, prenaient place à leur poste de conduite, le groupe arriva sur la place, après des salutations et les dernières félicitations pour l'anniversaire de Joséphine et sa réussite au jeu montent dans les calèches qui en recevant l'ordre ou d'une tape avec la main, le pommeau d'une canne les éloignaient dans un tintamarre de roues crissants sur les pavés et les sabots des chevaux les frappants.

    Quand Joséphine s’apprêtait à monter dans la sienne, il stoppa net en voyant la silhouette de Benoît qui mettait fin à la conversation avec le cocher, leur regard ce croisèrent, Benoît le salua, mais chacun restait un instant en suspend en se contemplant. Joséphine monta dans la calèche et avant de quémander à son cocher de partir, il apostropha Benoît.
- Ah! mon brave, a qui ai-je l'honneur.
- Benoît Chaudeur, fils d'orfèvre rue du boeuf.
- Bien... Benoît... vous discutiez avec mon cocher il me semble?
- Es-ce que cela est interdit...mal?
- Non... bien sur.. mais... Benoît, venez donc me rendre visite demain après le repas de la mi-journée, des instructions seront données pour vous accueillir.
3


2 commentaires: