dimanche 31 mars 2013

Benoît et le grand tour (41)

 
– Vous me rendrez grâce, monsieur, retrouvons nous sur un terrain pour cela.
Hubert, hébété, ne répondit pas. Benoît poursuivi sa nuit sur une chaise en appuyant, reposant sa tête sur ses bras déposés sur la table.
   Le voyage continua jusqu’à Francfort sous une certaine tension entre les deux jeunes hommes. La suite de ce périple semblait bien compromise. Hubert en était fâché et comprenait qu’il devait en supporter les conséquences. Benoît aurait pu qualifier cela de viol, il n’alla pas si loin, mais demanda réparation. Sans doute répondait il à une petite flamme au plus profond de lui, une minuscule lueur qui y brillait, essayant de lui parler, il ne l’entend pas, d’autres sentiments parcouraient ses veines. Deux jours de tensions, au point que Benoît voyageait auprès de Malvoisin, qu’importe si il pleut, vente, il n’était plus aux cotés du marquis qui à ses yeux l’avait trahi. Malgré tout, pas question d’occuper une autre chambre, celle-ci à deux lits fera l’affaire.
  Au petit matin autour de la table où ils faisaient ripaille, Benoît apostropha Hubert.
– Monsieur de Pompiac, vous me devez réparation, souvenez vous en. Non loin d’ici, en passant j’ai repéré une clairière où nous pourrons la soigner. Je vous y donne rendez-vous dans deux heures… Messieurs, s’adressant à Malvoisin et Meunier, vous serez nos témoins, bien que vous n’en connaissiez pas la cause, ce qui en soi est une bonne chose. Le choix des armes est simple pour moi, l’épée, pour celui du témoin je laisse monsieur le marquis faire sien en premier… ah ! vous qui êtes neutre, s’adressant à deux quidams dans la salle, joignez vous à ce cérémonial.
  Hubert Blêmi, il s’attendait à bien des choses, mais être défier par un homme qui n’est pas de son rang en plus  ‘son élève’ le laissa pantois.
– Soit… il en sera comme TU le désirs, je choisi Malvoisin comme témoin et vous monsieur… désignant de la main un homme d’une quarantaine d’année qui ne comprenais pas bien ce qui arrivait, mais il acquiesça…
  Si Hubert avait marqué fortement son tutoiement, c’est qu’il considérait Benoît comme un ami très cher malgré ce différent qui les opposait, différent est un peu faible.

   Dans la clairière, à peine remise de son éveil, la brume avait pris de la hauteur, un soleil pâle la transperçait, un petit vent frais soufflait, l’atmosphère semblait glaciale comme l’expression du visage de Benoît. Les deux bretteurs avaient quitté la veste, ils étaient en chemise blanche, face à face, les salutations de rigueurs, les lames entrecroisées, ne manquait plus que le signal pour ouvrir le duel. C’est l’un des deux autochtones qui le donna en ce plaçant dans l’axe du croisement. Le crissement du métal résonna, puis le choc des lames, l’échange n’en finissait pas, aucun des deux jeunes hommes ne prenant le dessus sur l’autre, plus de la moitié d’une heure s’était écoulée, l’épuisement se faisait sentir… les quatre témoins se consultaient tout en ne perdant pas le duel des yeux.



samedi 30 mars 2013

Benoît et le grand tour (40)


Chapitre 4

« De l’amour, je n’en sais bien que le drame »

   Bien sur de la ville il y a encore beaucoup à dire, mais les quatre compères ne s’attarderont pas dans ses faubourgs. Le quatuor quittait Metz et fit escale à Saint-Avold, puis il pénétra en Sarre pour faire étape à Sarrebruck, il continuera sur Mannheim.
  Des blessures, il ne restait que les cicatrices. A l’hostellerie de Mannheim Meunier aida Malvoisin pour la dernière fois à panser, alimenter et abreuver les chevaux. Là non plus pas grand changement, à croire que tous ces lieux soient standardisés. Seul la dimension et la hauteur des lits sembles différentes, le confort aussi  avec  une baignoire en zinc qui trônait non loin de la console à toilette et un vase de nuit. Il y avait une cheminée dans laquelle était un chaudron rempli d’eau qui chauffait, l’usage en serait pour le bain. Les deux garçons ne se privèrent pas de le faire ensemble afin de ne pas gaspiller, mais surtout ne pas perdre de temps. Cela les délassa du voyage et les préparait pour un bon repas et une bonne nuit. Ils en profitèrent pour changer de vêtements. C’est à Francfort qu’ils seront lavés, dans cet établissement il y a un service qui s’occupe de ce travail. Nous n’en sommes pas encore là. Après le repas et quelques distractions, la nuit s’annonçait salvatrice. Les garçons glissaient leur corps sous l’épais édredon, suivit des politesses d’usages ils partirent dans un profond sommeil.
  Au cœur de la nuit, Hubert à l’âme troublée entrouvrit ses paupières. Benoît disposé sur le flanc tourné vers lui dort comme un loir. Il se passe quelque chose qui bousculera leur relation, une pulsion, une envie, un désir traverse sa tête… Hubert s’auto féconda en collant son corps contre celui de son compagnon, il ne mesura pas la porté de son geste, vivant son désir. Il y a trop longtemps qu’il en rêvait de cet instant, de ce mélange. Son désir d’amour il le laissait entendre, n’osant aller plus loin, Benoît semblait l’avoir compris, mais n’en manifestait pas le même partage, cela bloquait le marquis. Là, dans ce plaisir qu’il prenait, l’amour qu’il volait, il aurait préféré une situation plus claire, Benoît devant son rejet augmentait son désir de le partager, d’être son Elisabeth. Cette dernière était bien loin de sa préoccupation, c’était la fusion de son amour et le sexe qui l’accompagnait qui parlait, il aimait Benoît, le voulait pour lui, rien qu’à lui, ce combat sera dure, le fruit de son geste arriva avec le réveil du jeune homme qui ne comprenait pas ce qui se passait. Benoît, béat, interdit, entre deux sentiments, alors que son âme laissait partir le fruit de la jouissance. Mélanges des sentiments, physique et esprit, bonheur et colère, je dirais amour et haine. Telle une opération sur des siamois, les corps se désolidarisèrent, Benoît rapide comme un lièvre, bondit et assaini une claque violente sur le visage du jeune marquis.
 



vendredi 29 mars 2013

Benoît et le grand tour (39)







METZ

   Ils arrivent à Metz, s’installent pour la nuit, rien ne change, si ce n’est le personnel, les patrons, là aussi un profil type, il y a une certaine ressemblance entre tous ces tenanciers. Bonne pense, une sorte de bonnet plat sur la tête, le tablier noué autour de la taille et toujours une grande cuillère en bois en prolongement de la main.

  La ville de Metz s’embellit avec le siècle. Le maréchal Charles Auguste Fouquet De Belle-Isle dès 1728, adeptes des idées des Lumières, repensa l’urbanisme de la ville. Sur l’île du petit Saulcy il fit construire un nouveau théâtre. Il a dans l’idée d’aérer le quartier de la cathédrale en y créant une place royale, centrale entourée de bâtiments publics. Il lui fallut négocier durant vingt années avec le clergé et les bourgeois messins pour qu’enfin il fasse appel à l’architecte Jacques-François Blondel pour mener à bien le projet de l’Hôtel de ville de Metz. Projet fort ambitieux qui sera suivit en 1764, par la construction d’un portail néoclassique pour la cathédrale. Charles-Louis Clérisseau se chargera en 1777 des plans de l’hôtel du Gouvernement dans un style très classique. Un nouveau palais épiscopal et le marché couvert sont en construction. En 1775 le Parlement de Metz est supprimé.
 Le souffle des Lumières passe dans la cité, plus de sept loges maçonniques y fleurissent.  Ce  souffle se fait sentir jusque dans les abbayes messines où les bibliothèques s’enrichissent des ouvrages encyclopédiques. En octobre 1789, Pierre-Louis Roederer est élu à la députation en remplacement de Pierre Maujean dont l’élection fut annulée pour irrégularité. Metz devient le chef-lieu du nouveau département de la Moselle en 1790.

On ne peut pas parler de Metz sans évoquer le Graoully.

L’étymologie vient de l’allemand Gräulich qui signifie monstre. Le Graoully est un animal mythique à l’apparence d’un dragon, vivant dans les arènes de Metz. Il aurait dévasté la ville avant d’en être chassé par  Saint Clément de Metz, premier évêque de la ville au IIIème siècle.

  Entre le XIIème siècle et la Révolution Française, la légende de Saint Clément était commémorée par une procession à la saint Marc et aux rogations, adaptation locale d’ancienne tradition romaine, le Manducus. L’effigie du dragon est promenée dans toute la ville avant d’être fouettée par les enfants
                                      
« C’était une effigie monstrueuse, ridicule, hideuse et terrible aux petits enfants, ayant les yeux plus grands que le ventre, et la tête plus grosse que tout le corps, avec amples, larges et horrifiques mâchoires bien endentelées, tant au-dessus comme au dessous, lesquelles, avec l’engin d’une petite corde cachée dedans le bâton doré, l’on faisait l’une contre l’autre terrifiquement cliqueter, comme à Metz l’on fait du dragon de saint Clément. »
François Rabelais.

  La légende évolue entre le XIème et le XVIème siècle. Le plus grand des serpents devient un dragon buveur de sang envoyé par Dieu pour punir les messins de leurs débauches. Saint Clément, envoyé pour délivrer Metz du monstre, le noie purement et simplement dans la Seille.

Source de présentation de Metz Wikipédia, adapté par mes soins.

jeudi 28 mars 2013

Benoît et le grand tour (38)

 

On est loin de penser que ce duché dans peut d’années reviendra à la France après le décès de Stanislas Leszczynski. La ville redevient prospère. Une fois la Nuit passée, ils partirons pour Metz, le parcours se fera en deux étapes, la première moins longue entre Bar-le-Duc et Saint-Mihiel. Bourgade sur le bord de la Meuse. Elle vit naître de nombreuses personnalités, notamment les sculpteurs Richier, Ligier le père et Gérard le fils. Période renaissance. Au père on lui doit le Transi de René de Chalon que l’on peut admirer dans l’église Saint-Etienne de Bar-le-Duc.

Cette œuvre représente le corps de René de Chalon, Prince d’Orange. Mort au combat à l’âge de 25 ans (1544). C’est sa femme Anne de Lorraine, fille du Duc Antoine, qui demanda à Ligier Richier de représenter son corps et ce trois années après la disparition du Prince. Le style, l’esthétisme de la sculpture laisse à penser que l’auteur avait acquis une grande connaissance de l’anatomie. Le Prince tien dans sa main son cœur qui donne l’impression qu’il l’offre. Le mystère entoure ce geste, plusieurs écoles n’en partagent pas le même sens entre dépassement de soit et pénitence.                                                              
Benoît en fera un croquis pour garder un souvenir d’une œuvre bouleversante.



Transi de René de Chalon 

Source auteur de la photo : Mossot


mercredi 27 mars 2013

Benoît et le grand tour (37)




–   J’apprécie ton attention, mais crois moi, j’ai des doutes sur ta pensé ? Cela me dérange, je ne suis pas INVERTI. Si jamais cela ce retrouve, je te laisse poursuivre ton voyage tout seul, te voilà prévenu.
–   Ne t’inquiètes pas Benoît, il ce peut que dans la nuit je pense à Elisabeth, une demoiselle qui aiguise mon âme, mon cœur.
–  Soit, c’est louable, mais je ne suis pas Elisabeth, tiens toi le pour dit.
 C’est avec l’air des mauvais jours que Benoît gagne la table pour y rejoindre le précepteur et le cocher.
–  Bonjour, quelque chose ne va pas sieur Benoît. Demanda Meunier ?
–  Non, non, tout va pour le meilleur des mondes, salutations messieurs.
– En tout cas le jeune marquis semble être dévoué à votre encontre, je l’ai vu protéger votre bras des assauts de l’édredon.
– Je lui en suis très reconnaissant.
– Je crois qu’il serait très peiné de vous perdre… dit Malvoisin qui le connaît bien, de même qu’il me confia que ce voyage loin de la demoiselle Elisabeth de Forgerolles l’attristait beaucoup.
– C’est vrai, il me l’a laissé entendre.
–  Une charmante personne de bon rang, reprit Meunier qui connaît bien cette famille.
  Hubert arriva et prit sa collation avec eux, Meunier et Malvoisin sortirent atteler les chevaux au carrosse, les domestiques s’occupaient des malles, ils allaient bientôt reprendre la route, Saint-Dizier, Bar-le-Duc, Metz…


  A Brienne le Château, il y aura une escale de jour, la suite du trajet étant plus long jusqu’à Saint-Dizier où ils firent étape pour la nuit. Durant ce parcours ils passeront en lisière de la forêt d’Orient. Brienne étant à la pointe nord de cette dernière, pas d’embuche durant ce cheminement. Pour les blessures et la tranquillité c’était toujours cela de gagné.  Le jour suivant, le trajet étant plus court, ils feront la pause en demi journée et la nuit à Bar-le-Duc, ville ayant conservé son cachet renaissance. Une ville calme sur les rives de l’Ornain. Son origine est ancienne, remontant au 1ersiècle de nôtre ère, il en est fait mention aussi comme relais de poste entre Reims et Toul. A l’histoire mouvementée de la région elle n’échappera pas. Pour le présent les duchés de Bar et de Lorraine sont octroyé  Stanislas Leszczynski beau père du roi Louis XV. Il opère de nombreux travaux d’aménagements, des boulevards sont percés… 

mardi 26 mars 2013

Benoît et le grand tour (36)

 

  Le médecin prit congé et regagna son domicile laissant nos amis deviser sur journée. La jeune soubrette s’occupait d’eux avec un certain bonheur. Le temps de se reposer sonna. Ils gagnèrent la chambre, Malvoisin et Meunier les avaient devancé et les corps glissés sous l’édredon. Les jeunes hommes finissaient d’enfiler leur chemise de nuit quand entra la soubrette, elle portait deux brocs d’eau, une excuse car la pièce en comptait déjà. Elle admira les deux garçons à demi étonnés, décocha un sourire charmeur évoquant un profond désir. Benoît souleva la pan de sa chemise et lui exposa l’objet de convoitise, elle apprécia l’image qui s’offrait à son regard, s’approcha de lui, le bouscula sur le lit, l’embrassa. Le jeune homme n’en demandait pas temps, il lui massa les seins avec convoitise, c’est vrai qu’elle les lui offrait généreusement. Elle se mit au dessus de lui, souleva sa robe et s’empala sur le vit admiré quelques minutes auparavant. Hubert ne resta pas de glace, il prit la servante sur ses arrières, visitant l’autre intimité. C’est quelle aimait cela la donzelle, son qualificatif de demoiselle semblait être envolé depuis bien des lunes…
  Malvoisin et Meunier avaient bien du mal à ce contenir et ne pensaient qu’à une chose, remplacer les deux jeunes hommes en action. Le marquis exprima son bonheur en premier, Benoît fit durer le plaisir et c’est avec la servante dans un chœur de jouissance que se termina la séance pour eux. Après avoir remis un peu d’ordre sur elle, la main sur le verrou la soubrette allait quitter la pièce, elle l’ouvrit… se ravisa et la ferma. Ses pas la guidèrent vers les hommes plus mures et dont la nudité se voyait sur le lit. Etait elle nymphomane ? Peut importe, mais elle s’offrit à eux comme elle le fit plus tôt aux deux garçons. Elle quitta la chambre l’air satisfaite. Il était temps, car nos deux compères commençaient à être chauffé à blanc. Benoît restait sur ses gardes, durant les ébats il avait perçut des caresses sur ses bourses, la douceur des doigts n’était pas celle de la jeune fille. << Hubert, me semble être d’un monde différent >> pensa-t-il. La fièvre tomba aussi vite qu’elle avait semblé venir et ce au grand soulagement du garçon.
   Au matin, il se retrouva de nouveau enlacé comme il le fut la veille, cela l’agaça. Malvoisin et Meunier avaient quitté la chambre assez tôt pour aller à l’écurie s’occuper des chevaux et s’installèrent à une table pour la collation matinale.
  Benoît montra son agacement au jeune marquis, les propos échangés n’étaient pas des plus aimables.
–   Ne le prend pas mal, fini par dire Hubert, je veux simplement être protecteur pour toi, et m’inquiétais de ta blessure, je ne voudrais pas que quoi que ce soit vienne ajouter à ta douleur.




lundi 25 mars 2013

Benoît et le grand tour (35)

 
Il demanda à la patronne de lui fournir de l'eau bouillie et encore chaude, accompagné de nos aventuriers, il s'installa dans la chambre. Une soubrette à la chevelure brune se tenait à sa porté en cas de besoin. Les hommes ne manquaient pas de l'admirer. Le regard de Hubert et de Benoît étaient encore le plus appuyé.
Jugeant les plaies, le médecin s'occupa en priorité de celle de Malvoisin. Il la nettoya avec l'eau, la désinfecta avec de l'alcool dont il sorti un flacon de son sac en cuir, Malvoisin serra les dents en mordant un mouchoir. Une lame rougie au feu, il la déposa sur la plaie, un effet de cautérisation, c'est encore plus douloureux, il fallait le tenir fermement, une séance de torture!. Le médecin attrapa un pot d’onguent qu'il passa sur les plaies qu'il banda.
–   Pas d'efforts pendant quelques jours, surtout à vous, dit le médecin envers le cocher.
–    Ne vous en faites pas dit Meunier, je resterais à vos côté pour mener les chevaux, et si en cas de besoin vous pourrez gagnez l'habitacle.
–  Merci Meunier, mais je ne peux accepter cette deuxième idée, passe pour la conduite des chevaux, mais occuper votre place, ça je n'y consent.
  Malvoisin, si c’est moi qui vous l’ordonne, dit Hubert, Le feriez vous ?
     Heu ! je ne sais pas.
     Si cela doit être une nécessité, je vous l’ordonne.
     Dans ce cas monseigneur, je suivrai vos désirs.
  Parfait Malvoisin, je crois que c’est le cas, n’es-ce pas monsieur le médecin ?
    Comme vous le dites, votre cocher en aura besoin.
    Bon, c’est entendu.
 Le médecin s’occupa de la blessure de Benoît qui reçut pratiquement le même traitement, celle ci étant plus superficiel, demandant moins de précaution, il eu droit au feu de la lame afin de cautériser l’entaille, à l’onguent et un pansement de la même facture.
     Voilà, jeune homme, pas d’écart, mais vous êtes gaillard, tout ira bien.
 Hubert dédouana les frais du médecin, l’invita à partager un pot avec eux. Pendant que les gosiers prenaient le temps d’assouvir une soif certaine, Hubert conta l’embuscade dont ils furent victime et la déroute de leurs agresseurs.



















dimanche 24 mars 2013

Benoît et le grand tour (34)


  Meunier guida les chevaux vers la cour de l'imposant bâtiment. Les lueurs des torches aux travers des fenêtres indiquaient qu'il était en activité. A peine le bruit du roulement entendu, des domestiques sortirent, l'un indiqua, aux cochers, où ils pouvaient ranger le carrosse et mettre les chevaux à l'écurie, puis ils s'emparent des malles et les portent dans une chambre avec deux grands lits pour assurer le repos des voyageurs.


Hubert et Benoît furent les premiers à prendre place autour d'une table qui allaient leur redonner du baume au cœur, dans l'âtre un chaudron gardait un potage de légumes et de la viande de porc qui y mijotait.
Malvoisin et Meunier attachèrent les chevaux dans un box de l'écurie. Dans les râteliers une poignée de foin que Meunier fit tombé depuis une trappe dans le grenier. Malvoisin leur mettait les rations d'avoine et rempli les abreuvoirs d'eau, Meunier aida le cocher à les panser avec une poignée de paille. Ces soins faits, ils retrouvèrent la table où les attendait le marquis et son ami.

  Durant ce temps, Hubert avait demandé au patron si il y avait un médecin dans le secteur pour soigner les blessures de Malvoisin et Benoît. L'aubergiste fit signe à un garçon ayant passé la douzaine d'année. Le gamin mit une cape et sortit.
Les écuelles étaient remplies de ce potage, ils le dévorèrent sans retenue, loin de toutes conventions acquises par leur éducation. La patronne apporta un poulet coupé en quatre parts, un pot de vin et d'eau et une demie boule de pain. Les estomacs étaient rassasiés.
Une demi heure passa, le bruit des pas d'un cheval s'entendit, résonance sur les pavés de la cour. Le gamin fit son apparition, suivit de peu par un homme portant une serviette de cuir sur son épaule. Il fit un signe de tête à l'homme pour indiquer la table qui attendait sa venue. Le médecin approcha d'eux. Tous les quatre le saluèrent dans un ensemble digne d'un chœur de chant. L'homme sourit et répondit.
̶  Bonsoir messieurs, où sont nos éclopés, ah!... oui... je vois. Bon je vais m'occuper de cela.



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samedi 23 mars 2013

Benoît et le grand tour (33)

 

 Troyes est une ville importante, son industrie textile naissante est en pleine expansion. Elle garde la trace de son passé médiévale avec ses maisons à colombages et serrées les unes contre les autres, des ruelles tortueuses, les nouveaux quartiers s'édifient du faite des manufactures de textiles et de son négoce. La dernière année du XVII ème siècle, une soixantaine d'années après son achèvement la cathédrale fut victime d'un incendie. En 1710, les grandes foires de Champagne qui en faisaient sa réputation furent abolies et déplacées à Reims et Lyon. Troyes fut victime des inondations de 1752-1754, faisant partie du Bassin Parisien. La ville vit le mariage de Catherine de France, fille de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, avec Henry V, mais plus en avant Philippe le Bel roi de France épousa Jeanne la dernière descendante des Comtes de Champagne rattachant la Champagne à la France.

"Extrait de chronique paroissiale (Saint-Martin ès Vignes)
1713
-Jusqu’alors utilisé au sol, l’orgue est mis en tribune. Claude Jolly le touche pour la première fois le jour de Pentecôte. Il appartenait à une grande famille d’organistes et de facteurs d’orgues troyens. Lui succédèrent à cette tribune : Simon Jolly (1724- 1748) et Nicolas Jolly (1748-1775)."

  Ils ne croiserons pas le chemin du jeune Danton venu étudier en cette ville, au petit Séminaire et plus tard au collège des Oratoriens avant de partir pour Paris en 1780 où il se fera engager comme clerc chez MeVinot procureur de son état, par contre ils apercevrons en construction l'Hôtel de Ville.

   Quand ils arriverons à l'auberge il sera assez tôt pour soigner les blessures du à l'agression dont ils furent victimes. pour l'instant il fallait couvrir la distance. Malgré la douleur, Malvoisin mena à bien son rôle de cocher, il travaillait le moins possible de son bras gauche, il tenait les rênes du mieux qu'il le pouvait, parfois un rictus de douleur le dérangeait. Hubert sentait qu'il serait difficile pour Malvoisin de tenir le temps qui reste, il donna une injonction pour qu'il s'arrête. Meunier est, de tous, le seul qui peut le seconder, il connait la vie d'un attelage. Il se portera à ses cotés pour mener le carrosse à bon terme. Malvoisin ne donnera que les ordres verbales et encore les chevaux peuvent répondre à ceux de Meunier. Benoît fini par s'endormir.

   La nuit étendit son rideau, Hubert joua les funambules en manoeuvrant l'allumage des lanterne sur les cotés de l'habitacle. Ces feux permettaient de signaler aux autres la présence du véhicule. Piétons de toutes conditions, ils entendaient le bruit fait par les chevaux et les crissements des roues, les feux leurs indiquaient la provenance, ainsi ils pouvaient se mettre à l'abri de tous risques.

  Les faubourgs de la ville se présentent aux regards des cochers, ils mirent les chevaux aux pas, Malvoisin scrutait les enseignes des auberges ou relais de poste...
"Le Maître de Poste bénéficiait d’un privilège et d’un monopole pour les relais de chevaux (appelés « coursiers »). Il devait y avoir dans l’écurie de chaque Maître de Poste de la lumière pendant la nuit et un Postillon de garde afin de ne pas faire attendre les Courriers.
Les relais étaient disposés tout le long d’itinéraires clairement définis. La distance entre les relais était divisée en poste, demi poste, ou quart de poste. Une poste équivalait environ à 9 kilomètres. "
Tel était l'organisation du courrier. C'est une auberge au double emploi qui les attendait.

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vendredi 22 mars 2013

Benoît et le grand tour (32)

 

   C'était l'avant garde, le galop d'autres chevaux ce faisaient entendre, deux coups de feux plus précis, un éclat de bois de la monture du carrosse en témoigne, Benoît qui était, comme Hubert, tournant le dos au sens de la marche, passa légèrement la tête hors de la porte, tendit son bras appuya sur la gâchette du pistolet, il toucha un homme au genou qui perdit l'équilibre sur son cheval et ce retrouva à terre, Hubert de son coté en fit autant, mais son projectile décoiffa le brigand, Meunier tira un peu à l'aveuglette et c'est le cheval qui reçut le coup, il s’effondra entrainant son cavalier. Surgit de chaque coté du chemin, sortant du bois, deux cavaliers qui stoppèrent les chevaux, Hubert et Benoît sautèrent aussitôt de l'habitacle et se ruèrent sur eux, les brigands étaient surpris de voir que ces passagers ne se laissaient pas dévaliser. Hubert asséna un coup de son épée sur la cuisse de celui qui était à sa porté, une profonde entaille lui fit abandonner le lieu, celui qui faisait face à Benoît était descendu de sa monture et entama avec lui un combat à l'arme blanche, le métal ce frappait, on était plus en salle de cours, les coups étaient violants, le jeune homme esquiva l'attaque, juste une égratignure sur le muscle du bras gauche, c'est la qu'il plaça la sienne, la lame de son épée, fraîchement étrennée, trancha le bras droit de son adversaire, le bras tomba au sol avec l'arme dans sa main.. ce cortège de malfrats dans un triste état quitta bredouille le secteur, les quelques cavaliers qui restaient prenaient en charge les blessés de cette échange, un jour qu'ils auraient du passer au cabaret plutôt que de tenter le diable.

   Les deux jeunes hommes purent voir la place s'éclaircir et seul le cheval blessé restait allongé sur la route ainsi que le brigand qui passa sous les roues du carrosse, Malvoisin réarma son pistolet et asséna le coup de grâce à l'animal, il déposa le corps de bandit sur le coté de la chaussée. La suite du voyage pouvait reprendre, Benoît rendit à la nature ce qu'elle lui avait procuré le matin même, il venait de vivre un moment difficile. Hubert était blanc comme un linge neuf... mais tenu le choc, les autres n'affichaient guère de réactions. Malvoisin prit un bout de sa chemise qu'il déchira et plaça sur la plaie que l'arme avait faite, heureusement pas profonde, le cuir de sa cape avait amorti la puissance du lancé, il reprit le commandement et les chevaux avancèrent comme si il n'y avait rien eu. Benoît, dont la tissus de la manche de chemise était déchiré par l'épée de son adversaire, fini de la découper pour panser sa blessure aidé en cela par Hubert qui le noua. Le découvert soulagea les esprits, un hameau à porté de main, il y a un relais de poste, ils firent la pause ici, moins d'une heure. L'auberge n'était pas des plus accueillante, Malvoisin et Benoît restèrent près du carrosse, Hubert et Meunier réparait les désagréments avec une petite collation, surtout un pot de vin et un verre de gnôle. Cela fit du bien aussi à Benoît, cet alcool blanc le remis d'aplomb. Un cavalier arriva par un autre chemin, il dit avoir croisé des types louches et dans un piteux états... La maréchaussée qui trainait dans le coin en profita pour le questionner, elle quitta l'auberge et les six cavaliers partirent dans la direction indiquée. Eux reprirent la route vers Troyes, c'était décidé, ce soir ils dormiraient dans cette ville, combien même ils arriveraient dans la nuit.

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jeudi 21 mars 2013

Benoît et le grand tour (31)

 



- Merci pour ces nouvelles que j'aurais aimé meilleurs, oui monsieur le marquis, un pistolet à la ceinture et le fusil, sans oublier le fouet.
- Bien monsieur, mais la prudence s'impose, je ne tiens pas à vous perdre en chemin.
- N'ayez crainte monsieur le marquis, celui qui prendra ma vie n'est pas encore de ce monde.
- J'aime votre optimisme, allez en route.
Le carrosse s'ébranla pendant que Hubert finissait de s'installer et qu'un domestique fermait la porte de l'habitacle., il prit la grand route sur une demie lieue et bifurqua sur le chemin secondaire, de moins bonne qualité, qui mène à Troyes., il y a environ quinze lieues à parcourir laissant Sens de coté, éviter ce passage qui les attarderait. Sept heures au matin quand ils quittèrent l'auberge, compte tenu de la distance à rouler et dans l'état de cette route, il ne semble pas possible pour eux de dormir ce soir à Troyes, sauf d'y arriver tardivement.
Bientôt deux heures que la route défile au rythme des chevaux, Hubert contemple l'environnement, c'était une plaine et la forêt encore loin, bien qu'elle dessine son ombre à l'horizon, l'endroit était idéal pour faire une pause, ce dégourdir les jambes et soulager le reste avec. le marquis tapa trois coups avec le pommeau de son épée sur la boiserie de l'habitacle, il pencha sa tête au dehors et interpella le cocher, qui avait répondu à l'appel.
- Mr Malvoisin, arrêtons nous là pour une courte pause avant de nous aventurer dans cette forêt qui s'approche.
- C'est comme si cela était fait.
Le cocher tira sur les rênes, les chevaux ralentirent et s'arrêtèrent, tout ce petit monde descendait du carrosse, Malvoisin en profita pour donner une ration d'avoine. Un quart d'heure passé et le convoi reprit sa route.

Les chevaux montraient des signes d’énervements, le cocher tapa du pied, fit claquer son fouet, les chevaux changèrent d'allures, le carrosse allait plus vite et les passagers étaient malmenés.
- Cela sent le roussi, dit Benoît.
- Je crois bien que tu as raison, préparons nos armes, tiens prend ce pistolet, dégaine ton épée, vous aussi Meunier il faut faire usage de votre arme, ils seront surpris de notre opposition. Un coup de feu claqua au dehors, mais n'atteint personne, Malvoisin, habile meneur de chevaux, mit son corps en équilibre sur la barre transversal, cela le protégeait des risques de plombs qui pouvaient le toucher, il sorti son pistolet et se tenait prêt à tirer, un cavalier arrivant à la hauteur des chevaux en fit les frais avec le coup de feu tiré, touché à la poitrine il s'écroula de sa monture, un deuxième s'approcha un peu trop près à son goût et lui assena un coup de fouet, le deuxième coups lui lacéra le visage depuis le front, l'arcade sourcilière gauche, le nez coupé en deux, la bouche déchirée, déboitant la mâchoire inférieur, l'homme que la douleur porta en colère lança sa dague vers Malvoisin qui dans un mouvement esquivant le projectile ne put éviter que la lame se plante à son épaule gauche, puis le brigand tomba de son cheval, meurtri de douleurs, dans sa chute il passa sous les roues du carrosse.


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mercredi 20 mars 2013

Benoît et le grand tour (30)


  

   Hubert ne dit plus rien, gêné, courroucé peut être. Il ramassa ses attributs dans son caleçon et fini de s'habiller, passa un coup d'eau sur son visage comme l'avait fait son ami peut de temps auparavant, il mit sa veste et descendit rejoindre le jeune homme en salle commune. Meunier et Malvoisin étaient là aussi. Sur la table les plats, omelette, charcuteries, une assiette de haricot blanc du pain et de la confiture le tout accompagné d'une carafe de vin blanc et d'un pot de lait chaud.

  Malvoisin alla s'occuper des chevaux, de les atteler au carrosse, les domestiques de l'auberge sanglèrent les malles sur la plage arrière, Benoît paya sa note, Hubert s'acquitta de la sienne et celle de Malvoisin dont il avait la bourse, Meunier en fit autant. Au moment de quitter les lieux, un homme d'un âge bien avancé s'approcha d'eux.
- Bonjour monseigneur, s'adressant à Hubert... permettez moi de vous offrir ces deux armes à feu, elles vous serons plus utiles qu'à mon tour, mon temps est compté et je ne peux plus m'en servir... non... ne dites rien mon jeune ami. De plus elles seront plus précieuses envers les brigands que vôtre lame. voilà... monseigneur...
- Hubert de Pompiac, serviteur monsieur, je m'incline devant ces amabilités et gentillesses.
- Ha!... j'ai connu autrefois des Pompiac en Quercy,... une bien noble famille.
- Mes aïeux, monsieur, quel honneur de croiser vôtre chemin, et de faire vôtre connaissance... monsieur?
- Excusez moi, je ne me suis pas présenté... Chevalier Jehan de la Tour Peissac.
- Enchanté, en effet vôtre nom ne m'est pas inconnu et vos exploits non plus, je suis très heureux et flatté d'avoir fait vôtre connaissance.
- De rien mon bon ami, le long voyage m'attend, il ne va pas tarder, ma route me ramène en Quercy pour y finir de bouger mes os.
- Vous m'en voyez navré, d'une telle vision pour ce temps qui vous est imparti, mais si quelqu'un a besoin de ses armes, je crois que vous êtes la personne la mieux placée pour en faire usage.
- Ne vous en faîtes pas pour moi, gentilhomme, j'ai une garde rapproché qui s'occupe bien de cela et croyez moi, je suis doublement satisfait que ce soit un descendant des Pompiac qui en bénéficie.
- C'est nous qui sommes heureux de vôtre présent, monsieur le Chevalier.
- Ah! j'oubliais, où allez vous comme cela?
- En Prusse, à Berlin, père à penser que de faire ce que l'on appel le grand tour me ferai le plus grand bien.
- Vous n'êtes pas arrivé, mon bon ami, attention dans cette région que vous traversée, tout n'est pas qu'amitié, je ne vous retarde pas plus et que Dieu vous protège.
- Merci encore , monsieur Le Chevalier de Peissac, qu'il en soit de même pour vous tout au long de votre retour et en votre séjours en Quercy.
Benoît salua l'homme, avec Hubert ils le quittèrent pour rejoindre l'équipage qui les attendait.
- Malvoisin, il faudra être vigilant, des gens peux scrupuleux écument les chemins. Prendre la route de Troyes est dangereuse, nous n'avons pas le choix, alors prudence, avez vous de quoi parer cette éventualité.

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