Chapitre 5
Vers l’Italie.
« Toute la route suffit-elle pour que la voyageur arrive à destination ? »
Mahmoud Darwich.
Ils traçaient leur sillon, comme le paysan incruste sa houe dans la terre, l’un est porteur de vie, les autres en apprennent le sens. Malvoisin a retrouvé son siège de cocher, Meunier celui de passager avec les jeunes gens. Retour vers la France, pas dans leur ville, mais descendre la vallée du Rhône pour bifurquer vers l’Italie. Il est peut être évident qu’ils auraient pu passer par la Confédération Helvétique, mais un détours par Lyon les commandait, besoin de soieries, ce faire de nouveaux habits dans des tissus à la mode etc… Le voyage sera long, monotone, heureusement la belle saison est là et parfois se dégagent des effluves de foin fraichement coupé. Traversant des villages, ils pouvaient voir les paysans à faire les rondins ou des meules si le temps le permettait. Ils devinaient aussi les jeux entre les sexes derrière quelques unes de ces meules, les rumeurs, clameurs leurs parvenant aux oreilles. C’est dans ses paysages, tant réels que figurés, qu’ils traçaient, le partageaient parfois un soir lors d’une halte dans une auberge.
C’est le jour de la Saint-Jean, il fait beau temps, chaud, le soir pour une escale il y a fête au bourg. Les feux de la Saint-Jean, nos voyageurs y participèrent, d’abord comme visiteur, puis entrainé ils durent faire la ronde et, notamment Hubert et Benoît, sauter au-dessus des feux allumés. Mis au défit par les filles loin d’être des sauvageonnes. Pour les garçons c’étaient aussi une sorte de fierté et pavoiser devant les donzelles, fierté face aux autres garçons qui parfois étaient plus frileux à se lancer dans le jeu. Peu habitués à ces coutumes, Hubert et Benoît se laissèrent porter dans l’effervescence de cette fête couronnant le fin de la fenaison et le passage à l’été. Des filles, des femmes les prirent par la main et les introduisirent dans la ronde, encouragé par les unes, mis au défit par les garçons du village, une arrière pensée de moquerie…
– Allez… mes seigneurs, passez au dessus du feu. Dit un fils de paysan.
– Oui quoi, montrez nous que vous êtes des hommes…. haha haha dit une fille
– Pourquoi me risquerais-je à ce jeu ? Répondit Benoît.
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